vendredi 6 novembre 2009

Classement de Shangai: les plus riches en tête

 
 

Envoyé par io2a via Google Reader :

 
 

via Le blog Educ de pwallez le 03/11/09

Aujourd'hui, mercredi 4 novembre, dans le cadre de la 3e conférence   sur les "World-Class Universities", le classement des universités établi par   la "Graduate School of Education" de l'université Jiao Tong de Shangai sera officiellement dévoilé. Les résultats sont accessibles sur Internet depuis vendredi dernier (1). Ce ranking fait polémique et la matinée d'aujourd'hui  en Chine est consacrée à plusieurs débats sur les critères choisis et la possibilité d'en employer d'autres en particulier dans le cadre européen. Derrière le choix d'outils techniques, un constat est incontournable. Les universités figurant dans le Top 10 dont 8 américaines comptent parmi les établissements les plus riches de la planète. Paris VI (40e mondial) tourne à 472 millions d'euros, Harvard leader mondial à 3,5 milliards de dollars de budget. La source de cette puissance financière: le montant élevé des droits d'inscription ("tuitions and fees") et surtout la gestion des fondations, alimentées par des dons privés ("endowment") qui se mesurent en centaines de millions de dollars. Ces fonds sont à peine utilisés dans le budget de fonctionnement (de 4 à 6%), et davantage pour l'investissement et les bourses accordées aux meilleurs étudiants venant de milieux défavorisés.  Un classement de ces Fondations par ordre décroissant de richesse est tenu par l'administration américaine. Dans les dix premiers, on retrouve la grande majorité des universités figurant au sommet du Ranking de Shangaï.

Dans la philosophie américaine, la sélection par l'argent et par le mérite universitaire ne font qu'une. Selon ce credo, une majorité des  meilleurs enseignants et des étudiants les plus prometteurs sont dans ces universités qu'ils viennent des Etats-Unis ou d'ailleurs dans le monde. L'Université française qui découvre le principe de la fondation depuis la loi LRU ne partage pas forcément cette conviction cultivée outre-Atlantique d'être un modèle (

(1) http://blogs.laprovence.com/comptes/pwallez/index.php/post/30/10/2009/Universites%3A-le-classement-2009-de-Shangai-publie-la-nuit-derniere

 

La synthèse

 

La place de Harvard comme numéro 1 du Ranking de Shangai n'est pas forcément fortuite.  L'université, fondée en 1636, a accueilli 43 Prix Nobel dans son équipe enseignante, actuelle ou passée.  Cette référence ainsi que celle du nombre de Médailles Fields est un critère important choisi par l'équipe de l'Université Jiao Tong de Shangaï pour établir son classement.

A Harvard, les salaires des professeurs et les conditions de recherche sont parmi les meilleurs au monde, ce qui peut constituer une explication de la qualité de l'équipe enseignante. La bibliothèque commune aux 11 facultés contient plus de 16 millions de livres. Les équipements dans les divers laboratoires sont  renouvelés régulièrement pour coller à l'évolution technique. Les locaux sont modernes, derrière le cachet de facade de "Alma mater" patine architecturale conservée pour l'image de tradition, argument marketing.  

Car aux Etats-Unis l'université, surtout privée, est un business. Le budget de fonctionnement de Harvard en 2008 était de 3,482,317,000 dollars. Rien à voir avec les universités françaises les mieux dotées (1). Les recettes sont multiples, mais l'une provient des droits d'inscription ("tuitions "). Pour 2008-2009, pour chacun des 20 000 étudiants inscrits, il en coûtait en moyenne (le montant est variable selon les facultés) 33,696 dollars pour l'année universitaire en droits seulement et  48,868 dollars avec la location d'une chambre universitaire, des repas et des droits annexes de scolarité. Le parc immobilier détenu par les grandes  universités est impressionnant. A New York), un grand nombre d'appartements dans les immeubles autour de Broadway à partir de la 110e rue et jusqu'à Harlem appartiennent à l'Université  de Columbia (classée 7e dans le ranking de Shangaï).

C'est le fonds de dons (dit "Endowment" ) qui finance ces acquisitions pour la plupart de grandes universités. L'administration de Harvard n'en fait pas mystère (2), ce fonds est actuellement de 26 milliards de dollars selon le communiqué daté du 10 septembre dernier émis par la Harvard Management Company qui le gère. C'est la somme de plus de 11 000 fonds, souvent alimentés par des entreprises qui précisent la plupart du temps la destination de ces sommes, telle faculté est prioritaire, tel type d'investissement, les bourses, le logement etc...

Car selon le communiqué de Harvard, les bourses et prêts accordés aux étudiants qui en ont besoin ont "plus que doublé de 2001 à 2009, passant de 156 millions de dollars à 388 millions". Le montant moyen de la bourse Harvard est de 41 000 dollars, selon le site (3). L'université américaine, souvent accusée de sélection par l'argent, tient à rappeler qu'elle n'est pas que cet aspect réducteur. Pour elle, la sélection par l'argent et la sélection par le mérite scolaire ne sont qu'une. Pour y être admis, un concours national est organisé avec une sélectivité variable selon la notoriété bien entendu.  Le travail qui attend l'étudiant reçu est à la dimension de cette étiquette. "A la Journalism School de Columbia, quand le doyen a prononcé le  discours de bienvenue, il a insisté sur le  rythme de "boot camp", de centre d'entrainement de GI pour donner aux étudiants une image de ce qui les attendait" se souvient un diplômé de cette Université.  Une admission des étudiants étrangers se fait sur dossier et épreuves disciplinaires  dans les pays d'origine. Plus de 50 000 dans le monde venant de 150 pays peuvent se targuer d'être des anciens étudiants d'Harvard. Ces "alumni" sont souvent sollicités par Alma Mater au nom de l'esprit Grande Ecole pour faire profiter l'université de l'aisance financière que leur a procuré leur diplôme dans la vie professionnelle.

Les montants des fondations font l'objet d'un classement régulier du secrétariat à l'Education de Washington ainsi que de  la  National Association of College and University Business Officers (NACUBO), sorte de syndicat des établissements d'enseignement supérieur. Dans les dix premiers, on retrouve la grande majorité des universités classées par le Ranking de Shangaï. (4). 

La sélection est terrible aux Etats-Unis même. Selon un rapport du 23 octobre dernier (5),  18 universités et collèges ont des dotations d'un montant de 500 000 dollars par étudiant inscrit,  115 dont 6 universités publiques oscillent entre 100 et 500 000 dollars, mais la grande majorité des 2250 autres établissements n'ont rien ou presque.  Toujours selon le même rapport , 10% des universités délivrant un doctorat concentrent 54% des dons  consentis à ce niveau pour une moyenne de 1,3 million de dollars par étudiant inscrit en juin 2008.

La France, qui découvre avec la loi LRU, le principe des fondations peut mesurer en termes de capitaux le chemin à parcourir... si elle le souhaite.  

(1) http://www.enseignementsup-recherche.gouv.fr/pid21537/dotations-etat-aux-universites-2009.html (Dotation et Budget 2009)

(2) http://news.harvard.edu/gazette/story/2009/09/harvard-management-company-announces-fiscal-2009-results/

 

(3)http://www.harvard.edu/about/glance.php

( 4) http://www.nacubo.org/documents/research/NES2008PublicTable-AllInstitutionsByFY08MarketValue.pdf

 

(5)  http://www.trends-collegeboard.com/college_pricing/pdf/2009_Trends_College_Pricing.pdf


 
 

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