mardi 15 décembre 2009

Editer en SHS: 1. Les livres

 
 

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via Évaluation de la recherche en SHS de Emmanuelle Picard le 15/12/09

Les questions relatives à la publication en SHS, dans le cadre des directives imposées par l'AERES (définition des chercheurs publiants, classement des revues, usages d'indicateurs bibliométriques…), peuvent être éclairées par un certain nombre de travaux mettant en évidence des «régimes de publications», soit propre à l'ensemble du domaine, soit à l'une de ses disciplines. On peut en mentionner deux en particulier, qui mettent en évidence l'importance et les caractéristiques de la publication de monographies, i.e d'ouvrages, au sein des SHS.
Fabien Jobard, fort de son expérience au sein de la section 40 du Comité nationale du CNRS, a réalisé une étude quantitative sur les « lieux » de publications des chercheurs évalués par cette instance (le pdf peut être chargé ici). Il en ressort, sans surprise, la part importante qui reste celle des monographies et des ouvrages collectifs dans la production considérée ; il conclut : « De toute évidence, la diffusion de la connaissance scientifique passe d'abord, chez les politistes de la section 40, par les ouvrages »
De son côté, Bruno Auerbach propose, dans un article intitulé « Production universitaire et sanctions éditoriales. Les sciences sociales, l'édition et l'évaluation » (Sociétés contemporaines, 74/2009), une analyse des modes de publication des monographies, dont il rappelle qu'elles représentent environ la moitié de la production en SHS, en soulignant d'emblée qu'elles ressortissent à « deux principes de hiérarchisation et de légitimation hétérogènes – scientifique et éditoriale ». Dès lors, comment les appréhender dans le cadre d'une évaluation scientifique ? Il met en évidence que le clivage éditeur universitaire-éditeur généraliste ne recoupe pas une division du travail du type : public universitaire-grand public, et montre que, bien au contraire, les logiques de légitimation symbolique et de profits économiques sont en œuvre chez tous les éditeurs ; même s'il y a des variations dans la part respective des unes et des autres. La nécessité de vendre, en particulier, impose à tous les éditeurs la recherche d'un lectorat qui ne se limite pas au public captif que sont les universitaires et les étudiants. « En conséquence, souligne B. Auerbach, leurs choix n'ont a priori aucune raison de refléter l'état de la recherche dans ces disciplines. » Il le montre ensuite plus finement en étudiant les thèses soutenues et publiées dans la seconde moitié des années 1990, mettant ainsi en évidence la surreprésentation de certains domaines dans la production éditoriale : en histoire, des domaines « histoire politique, histoire culturelle/mentalités/civilisations/ idées » ; en sociologie, de la « sociologie politique/mouvements sociaux, sociologie de l'éducation, sociologie de l'art, de la culture et des loisirs ». On note également « la surreprésentation éditoriale (…) de la France puis des pays européens aux dépens de toutes les autres aires culturelles ». Il s'ensuit que les « préférences éditoriales » ne peuvent être tenues pour des critères de qualité scientifique; ce qui ne signifie pas pour autant qu'il ne faille pas leur attribuer une mesure positive, en ce qu'elles sanctionnent une capacité à répondre à la demande sociale. N'oublions pas que celle-ci est au cœur des nouvelles modalités d'évaluation en Grande-Bretagne (voir aussi à ce sujet, une réflexion sur la prise en compte de l'impact dans le secteur des SHS, tel que le REF l'impose désormais en Grande-Bretagne).


 
 

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